Créer un couple et une famille, c’est vouloir à la fois être fidèle aux ancêtres et s’assurer une survie en se créant une descendance.
Pour bien comprendre sa propre trajectoire sur le plan sentimental, il est nécessaire de bien connaître les couples qui se sont formés depuis les arrière-grands-parents (au minimum).
Au sein du couple, plusieurs amours coexistent : celui que l’on porte à son compagnon, celui qu’il nous porte et celui que les deux partenaires portent à l’entité « couple ».
Les deux partenaires investissent-ils de la même manière cette dyade, « la maison-couple » ?
En donnant la prépondérance aux relations passées dans notre généalogie, nous nous préparons à connaître la souffrance, reproduire leurs carences.
Aimer sonne bien souvent comme un verbe à sens unique, on aime l’autre surtout pour soi. Pourtant, au sein des familles traumatisées, cet égoïsme devient impossible. Les difficultés à se projeter dans un sentiment empêchent la notion de bonheur, l’amour pouvant exposer au risque de perte et, dans certaines familles, c’est tout simplement impossible au vu du contexte passé.
Dans les camps de concentration, il ne fallait jamais créer de processus relationnel, car on ne savait pas qui dormirait avec vous le lendemain. Il s’agissait de lits à plusieurs places, et celui qui dormait avec vous ne serait peut-être plus là le soir-même. Ce qui voulait dire que que s’engager dans une appartenance, s’intégrer dans une relation était extrêmement dangereux, confrontant la personne à des pertes successives intolérables. Siegi Hirsch
Aussi pouvons-nous comprendre que, dans ces familles-là divorcer s’avère complexe, de peur de raviver le passé traumatique de certains ancêtres.
L’affectif est alors gelé, entraînant une indisponibilité à se projeter dans une relation de couple heureuse. Les sentiments sont alors réservés à la famille d’origine dans une loyauté liée à une dette de réparation des souffrances passées.
D’après “Les familles qui ont la tête à l’envers” Revivre après un traumatisme familial de Robert Neuburger – Editions Odile Jacob