Confidences du Cygne
Avouons que nous attendons souvent l’arrivée de Noël avec une certaine impatience !
C’est une période qui nous raccroche à nos souvenirs d’enfants. Perdus dans un coin de notre mémoire, elle scintille à l’instar du sapin décoré au pied duquel nous avions déposé nos souliers.
En fait, Noël demeure la fête carillonnée sacrée entre toutes, et emblématique dans ce qu’elle révèle des interactions familiales.
Chaque lignée invente ses propres rituels, laissant toutefois à la nourriture une place de choix qui peut devenir, au fil des années, pesante.
Qui n’a pas connu ces repas traditionnels, à base de dinde aux marrons et de bûches glacées, qui s’éternisent dans l’espoir de relier les membres entre eux, gommant pour un temps les aspérités rencontrées au cours de l’année écoulée ?
De ces agapes surnage également la place que chacun occupe au sein de la tribu. Ces longues tablées festives, dressées dans la salle à manger, souvent agrémentées de chemins de table brodés, de bougies et de guirlandes, accueillent les mêmes personnes qui s’installent aux mêmes endroits et dont le rôle prédéfini se répète d’année en année.
La Tante, ceint de son tablier, s’active auprès de la Mamie, prenant alors sa mission d’aide-ménagère très au sérieux. Les hommes, goguenards, s’occupent d’ouvrir les huîtres et de chambrer le vin, en blaguant jovialement.
Quant aux enfants, ils dressent la table et prennent garde de poser les couverts à la bonne place, surtout que c’est l’occasion rêvée de sortir la belle vaisselle, les verres en cristal et l’argenterie.
Les dialogues restent impersonnels, ils s’alimentent à coup de petites anecdotes, de récits superbes ou de blagues censées détendre l’atmosphère au milieu de quelques démonstrations affectives.
Car, autour de la table, on ingère peut-être des mets très fins mais aussi des mots qui parfois deviennent des maux derrière certaines plaisanteries anodines dissimulant des transactions cachées.
Or, ces jeux psychologiques en disent longs sur la pièce qui se joue aux dépens des convives. Il faut, coûte que coûte, accepter l’oncle et ses manies, le non verbal hautain du grand-père ou la prise de parole magistrale de la grand-Tante qui radote.
La fête amène l’opulence, l’excès de victuailles et d’alcool qui doit trancher avec l’ordinaire, celui-là même que chacun retrouve dès que les cousins-cousines regagnent leur contrée, que les grands plats rejoignent les placards, que les restes soient engloutis et que certains cadeaux boudés soient revendus sur Internet.
Cette agitation familiale réussit à masquer les jalousies larvées, les ressentiments, les exclusions ou les petites bassesses qui survivent entre les frères et sœurs.
L’illusion de l’affection aura encore frappé en attendant la programmation de la prochaine réunion que personne ne manquerait pour tout l’or du monde.
Famille, quand tu nous tiens !
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